Le choix entre une cloison en brique plâtrière et une cloison placo représente l’une des décisions les plus importantes lors de l’aménagement ou de la rénovation d’un logement. Cette question technique implique de nombreux paramètres : performances thermiques et acoustiques, contraintes de mise en œuvre, budget disponible et durabilité à long terme. Les professionnels du bâtiment sont régulièrement confrontés à cette problématique, car chaque solution présente des avantages distincts selon le contexte architectural et les exigences spécifiques du projet. La compréhension approfondie des caractéristiques de chaque matériau permet d’optimiser les performances énergétiques tout en respectant les contraintes budgétaires et calendaires du chantier.
Propriétés techniques des cloisons en brique plâtrière
Résistance thermique R et conductivité λ des briques alvéolaires
Les briques plâtrières alvéolaires présentent une conductivité thermique particulièrement intéressante grâce à leur structure cellulaire. Les alvéoles emprisonnent l’air statique, créant une barrière naturelle aux transferts de chaleur. La conductivité thermique λ varie généralement entre 0,11 et 0,16 W/m.K selon la densité et le taux d’alvéoles du produit. Cette performance permet d’obtenir une résistance thermique R comprise entre 0,22 et 0,45 m².K/W pour une épaisseur standard de 5 à 7 cm.
La composition en terre cuite confère aux briques une excellente inertie thermique. Cette propriété permet de réguler naturellement les variations de température intérieure, particulièrement appréciable en période estivale. Les tests effectués selon la norme NF EN 1745 démontrent que les cloisons en brique maintiennent un déphasage thermique supérieur à 8 heures, contribuant significativement au confort thermique des occupants.
Capacité portante et charges admissibles selon NF EN 1996-1-1
La résistance mécanique des cloisons en brique plâtrière constitue un atout majeur pour les applications nécessitant des fixations lourdes. Selon l’Eurocode 6 (NF EN 1996-1-1), la résistance caractéristique à la compression fk varie entre 2 et 6 N/mm² selon le type de brique utilisé. Cette capacité permet la fixation directe d’éléments de second œuvre pesant jusqu’à 50 kg par point d’ancrage sans renfort spécifique.
La résistance aux chocs des cloisons maçonnées dépasse largement celle des systèmes secs. Les essais de résistance aux chocs durs et mous effectués selon la norme NF P 72-204 attestent d’une excellente tenue dans le temps. Cette robustesse mécanique explique pourquoi les cloisons en brique sont privilégiées dans les zones de passage intense ou les locaux recevant du public.
Étanchéité acoustique DnT,w et affaiblissement phonique
L’isolation acoustique des cloisons en brique plâtrière bénéficie de la densité du matériau et de l’absence de ponts phoniques. L’indice d’affaiblissement acoustique DnT,w atteint généralement 42 à 45 dB pour une cloison de 7 cm d’épaisseur, sans nécessiter d’isolant rapporté. Cette performance s’explique par la loi de masse en acoustique : plus un élément est dense, plus il s’oppose efficacement à la transmission des bruits aériens.
Les cloisons maçonnées en terre cuite offrent une solution naturellement performante pour l’isolation phonique, particulièrement adaptée aux séparations entre espaces de vie et zones de repos.
La transmission des bruits d’impact reste limitée grâce à la structure monolithique de la cloison. Contrairement aux systèmes à ossature, l’absence de liaisons rigides ponctuelles réduit significativement les transmissions latérales. Cette caractéristique s’avère particulièrement intéressante pour les cloisons séparatives entre logements ou entre pièces nécessitant un confort acoustique élevé.
Comportement hygroscopique et régulation naturelle de l’humidité
La terre cuite possède des propriétés hygroscopiques remarquables qui contribuent à la régulation naturelle de l’humidité intérieure. Les tests effectués selon la norme ISO 24353 démontrent que les briques plâtrières peuvent absorber et restituer jusqu’à 2 g d’eau par m² en 24 heures. Cette capacité de régulation permet de maintenir un taux d’humidité relative stable, évitant les phénomènes de condensation et améliorant la qualité de l’air intérieur.
Le coefficient de diffusion de vapeur d’eau μ des briques en terre cuite varie entre 5 et 15, autorisant un transfert contrôlé de l’humidité à travers la cloison. Cette perméabilité sélective favorise l’équilibrage hygrométrique entre les espaces tout en préservant l’étanchéité à l’air de l’enveloppe. Dans les régions à climat océanique, cette propriété contribue significativement à la prévention des pathologies liées à l’humidité.
Caractéristiques structurelles des cloisons placo BA13
Ossatures métalliques stil et montants acier galvanisé
Les systèmes de cloisons sèches reposent sur une ossature métallique constituée de profilés en acier galvanisé. Les rails de sol et de plafond, généralement de section 48 ou 70 mm, assurent la liaison avec le gros œuvre. Les montants verticaux, espacés de 60 cm d’entraxe, créent la structure porteuse de la cloison. Cette géométrie standardisée facilite la préfabrication et accélère considérablement la mise en œuvre sur chantier.
La galvanisation à chaud des profilés garantit une protection durable contre la corrosion, avec un revêtement zinc minimum de 275 g/m² selon la norme EN 10346. Cette protection s’avère particulièrement importante dans les environnements humides ou agressifs. L’épaisseur des tôles, généralement comprise entre 0,6 et 1 mm, offre un compromis optimal entre résistance mécanique et facilité de découpe.
Plaques de plâtre standard, hydrofuge et coupe-feu M0
Les plaques de plâtre BA13 standard présentent une composition homogène : âme en plâtre prise entre deux parements cartonnés. L’épaisseur normalisée de 12,5 mm assure une résistance mécanique suffisante pour la plupart des applications courantes. La densité moyenne de 680 kg/m³ confère une masse surfacique de 8,5 kg/m², facilitant la manutention tout en conservant des propriétés acoustiques correctes.
Les versions spécialisées répondent aux contraintes spécifiques de chaque local. Les plaques hydrofuges, identifiables à leur parement vert, incorporent des additifs siliconés réduisant l’absorption d’eau à moins de 5% selon la norme EN 520. Les plaques coupe-feu M0 intègrent des fibres de verre et des additifs ignifuges, permettant d’atteindre une résistance au feu de 30 à 120 minutes selon l’épaisseur et la configuration de la cloison.
Systèmes placostil et techniques de doublage thermique
Les systèmes Placostil optimisent l’intégration d’isolants thermiques entre les montants de l’ossature. Cette technique permet d’atteindre des performances d’isolation remarquables : résistance thermique R jusqu’à 2,8 m².K/W avec 100 mm de laine minérale λ=0,035 W/m.K. La continuité de l’isolant élimine les ponts thermiques linéaires, améliorant significativement l’efficacité énergétique globale.
L’association d’une ossature métallique et d’isolants performants permet d’obtenir des cloisons de forte épaisseur avec un poids au mètre carré réduit, particulièrement adapté aux planchers légers.
Les techniques de doublage autorisent l’intégration de gaines techniques sans percement des isolants. Les réservations pour l’électricité et la plomberie s’effectuent directement lors du montage de l’ossature, préservant l’intégrité de la barrière thermique. Cette approche systémique facilite également les interventions de maintenance ultérieures.
Jointoiement et traitement des bandes armées
La qualité de finition des cloisons placo dépend largement de la maîtrise du jointoiement. Le système traditionnel utilise un enduit de rebouchage appliqué en trois passes successives : garnissage, lissage et finition. Les bandes papier microperforées ou en fibre de verre renforcent mécaniquement les joints, prévenant l’apparition de fissures lors des mouvements différentiels du bâtiment.
Les enduits de jointement modernes incorporent des résines synthétiques améliorant l’adhérence et la souplesse. Le temps de séchage entre les passes influence directement la qualité finale : un séchage trop rapide peut provoquer des fissurations, tandis qu’un séchage insuffisant affecte l’accrochage de la passe suivante. La température ambiante optimale se situe entre 18 et 22°C, avec un taux d’humidité relative inférieur à 65%.
Analyse comparative des performances isolantes
La performance thermique globale d’une cloison dépend de sa composition multicouche et des éventuels ponts thermiques. Les cloisons placo avec isolation rapportée atteignent aisément des résistances thermiques R supérieures à 2 m².K/W, grâce à l’épaisseur d’isolant disponible entre les montants. Cette configuration s’avère particulièrement efficace pour les cloisons séparatives entre zones chauffées et non chauffées, comme les garages ou les combles non aménagés.
En revanche, les cloisons en brique plâtrière offrent une inertie thermique supérieure, stockant et restituant la chaleur de façon progressive. Cette propriété contribue au confort d’été en limitant les surchauffes, particulièrement appréciable dans les constructions très isolées où la gestion des apports solaires devient critique. Le déphasage thermique des briques alvéolaires peut dépasser 10 heures pour une épaisseur de 20 cm.
L’isolation acoustique présente des caractéristiques complémentaires selon la technologie choisie. Les cloisons maçonnées excellent dans l’affaiblissement des bruits aériens grâce à leur masse, tandis que les cloisons sèches optimisent l’absorption des bruits d’impact par la désolidarisation des parements. Une cloison placo double peau avec laine de roche peut atteindre un DnT,w de 60 dB, performance difficilement égalable avec une cloison maçonnée de même épaisseur.
| Critère | Cloison brique 7cm | Cloison placo 98mm |
|---|---|---|
| Résistance thermique R | 0,35 m².K/W | 2,5 m².K/W |
| Affaiblissement acoustique | 42 dB | 50 dB |
| Inertie thermique | Excellente | Faible |
| Poids au m² | 70 kg/m² | 25 kg/m² |
La gestion de l’humidité diffère fondamentalement entre les deux technologies. Les briques en terre cuite régulent naturellement l’hygrométrie ambiante, absorbant l’excès d’humidité en période humide et la restituant lors des phases sèches. Les cloisons placo nécessitent un pare-vapeur en face chaude dans les locaux humides, créant une barrière étanche qui empêche la migration de vapeur d’eau vers l’isolant.
Contraintes de mise en œuvre et temps d’exécution
La mise en œuvre des cloisons en brique plâtrière impose des contraintes logistiques significatives. Le stockage des matériaux nécessite des surfaces importantes et une protection contre l’humidité, particulièrement critique pour les mortiers de montage. La préparation du mortier colle demande un dosage précis et une utilisation dans les délais de pot, généralement limités à 2 heures. Ces contraintes ralentissent la cadence d’exécution, estimée à 8-10 m² par compagnon et par jour pour une cloison standard.
Les temps de séchage constituent un facteur limitant pour la planification du chantier. Le mortier de montage nécessite 24 à 48 heures de prise avant l’application de l’enduit de finition, selon les conditions climatiques. L’humidité résiduelle peut également retarder la pose des revêtements de sol ou des peintures, allongeant le délai global de réalisation. Dans les chantiers à rotation rapide, ces contraintes temporelles peuvent compromettre le respect du planning.
À l’inverse, les cloisons placo autorisent une mise en œuvre à sec, éliminant les temps d’attente liés au séchage. La productivité atteint 15 à 20 m² par compagnon et par jour, incluant la pose de l’isolant et le parement d’une face. Cette rapidité d’exécution réduit significativement la durée d’immobilisation des espaces, particulièrement appréciable en rénovation d’établissements recevant du public. Le jointoiement demeure l’étape critique, nécessitant 2 à 3 passes avec séchage intermédiaire.
Les conditions climatiques influencent différemment les deux technologies. Les cloisons maçonnées souffrent du gel qui peut altérer la prise du mortier, imposant des précautions particulières
en rénovation ou pendant les mois d’hiver. La température minimale recommandée se situe à +5°C, en dessous de laquelle l’utilisation d’additifs antigel devient nécessaire. Les fortes chaleurs estivales accélèrent la prise et peuvent provoquer des fissurations de retrait si l’humidification préalable des briques s’avère insuffisante.
La gestion des déchets de chantier diffère substantiellement entre les deux techniques. Les cloisons maçonnées génèrent principalement des gravats inertes recyclables, tandis que les chutes de plaques de plâtre nécessitent une filière de valorisation spécifique selon la réglementation européenne. Les sacs de recyclage placo permettent de valoriser jusqu’à 95% des déchets de plâtre, contribuant à l’économie circulaire du secteur.
Coûts matériaux et main-d’œuvre par mètre carré
L’analyse économique des cloisons révèle des écarts significatifs entre les coûts d’acquisition des matériaux et les charges de main-d’œuvre. Pour une cloison en brique plâtrière de 7 cm d’épaisseur, le coût matériaux oscille entre 18 et 25 €/m², incluant les briques, le mortier colle et l’enduit de finition. Cette fourchette varie selon la qualité des produits et les conditions d’approvisionnement régionales. Les briques à isolation renforcée peuvent atteindre 35 €/m², justifiant cet investissement par leurs performances thermiques supérieures.
Les cloisons placo BA13 sur ossature métallique présentent un coût matériaux de 12 à 20 €/m² en configuration standard, isolation de 100 mm comprise. Les versions haute performance (plaques acoustiques, coupe-feu) peuvent porter ce montant à 30 €/m². L’intégration d’isolants biosourcés ou de plaques techniques spécialisées influence sensiblement le budget final. La standardisation des produits et la concurrence entre fabricants maintiennent une relative stabilité des prix.
La main-d’œuvre représente généralement 60 à 70% du coût total d’une cloison, soulignant l’importance de la productivité dans l’équation économique globale.
Les tarifs de main-d’œuvre reflètent la complexité de mise en œuvre et la productivité de chaque technique. Pour les cloisons maçonnées, compter 25 à 35 €/m² selon la région et la qualification de l’artisan. Cette prestation inclut le montage, l’enduit de finition et le nettoyage. Les cloisons placo affichent un coût main-d’œuvre de 18 à 28 €/m², la rapidité d’exécution compensant partiellement la technicité du jointoiement. Les finitions soignées ou les configurations complexes peuvent majorer ces tarifs de 20 à 30%.
L’impact des coûts indirects mérite une attention particulière dans l’évaluation globale. Les cloisons maçonnées nécessitent des délais de séchage prolongés, immobilisant les espaces et retardant les corps d’état suivants. En rénovation d’établissements commerciaux, ce surcoût d’exploitation peut représenter plusieurs milliers d’euros par semaine d’immobilisation. À l’inverse, les cloisons sèches autorisent une rotation rapide des équipes, optimisant la rentabilité globale du chantier.
| Poste de coût | Cloison brique 7cm | Cloison placo 98mm |
|---|---|---|
| Matériaux €/m² | 22 € | 16 € |
| Main-d’œuvre €/m² | 30 € | 23 € |
| Coût total €/m² | 52 € | 39 € |
| Durée de mise en œuvre | 3-4 jours | 1-2 jours |
Critères de sélection selon typologie de projet immobilier
Le choix technologique optimal dépend étroitement du contexte architectural et fonctionnel du projet. Dans l’habitat individuel contemporain, privilégiant les performances énergétiques, les cloisons placo avec isolation renforcée s’imposent naturellement. Leur facilité d’intégration des réseaux techniques et leur adaptabilité aux évolutions d’usage répondent aux attentes des maîtres d’ouvrage modernes. Les maisons passives ou à énergie positive exploitent pleinement les capacités d’isolation de ces systèmes secs.
Les bâtiments patrimoniaux orientent souvent le choix vers les techniques traditionnelles maçonnées. La compatibilité hygroscopique avec les matériaux anciens, la réversibilité des interventions et la cohérence esthétique justifient cette orientation. Les monuments historiques imposent parfois des matériaux spécifiques, privilégiant les briques artisanales ou les techniques locales traditionnelles. Dans ce contexte, le surcoût est généralement accepté au bénéfice de la préservation patrimoniale.
Pour les établissements recevant du public (ERP), les exigences réglementaires influencent significativement la sélection. Les locaux à forte fréquentation privilégient la robustesse des cloisons maçonnées, résistantes aux chocs et au vandalisme. Les établissements de santé exploitent les propriétés antiseptiques naturelles de la terre cuite et sa facilité de décontamination. Les écoles et crèches bénéficient de la régulation hygrométrique naturelle, contribuant à la qualité de l’air intérieur.
Dans le secteur tertiaire, la flexibilité d’aménagement prime souvent sur les performances intrinsèques. Les cloisons placo démontables permettent la reconfiguration rapide des espaces de bureaux, s’adaptant aux évolutions organisationnelles. Cette modularité représente un avantage économique substantiel sur le cycle de vie du bâtiment. Les centres commerciaux exploitent cette adaptabilité pour les changements d’enseignes ou les restructurations saisonnières.
Les contraintes structurelles du bâti existant orientent également la décision technique. Les planchers bois anciens ou les structures légères imposent souvent les cloisons sèches, moins sollicitantes mécaniquement. À l’inverse, les bâtiments en béton armé autorisent tous les types de cloisons, le choix s’effectuant alors sur les critères de performance et de coût. Quels sont vos critères prioritaires : la durabilité à long terme ou la flexibilité d’usage ?
L’orientation bioclimatique du bâtiment influence la valorisation de l’inertie thermique. Les façades sud fortement exposées bénéficient des propriétés de déphasage des cloisons maçonnées, limitant les surchauffes estivales. Dans les régions à climat continental, cette régulation thermique naturelle peut réduire significativement les besoins de climatisation. Les simulations thermiques dynamiques quantifient précisément ces gains, justifiant économiquement le choix technologique.